
Il s'agit sans doute de la plus fantastique histoire de samouraïs du Japon médiéval. L’épopée des 47 rônins se passe au début du XVIIème siècle, sous le règne du shôgun Tokugawa Tsunayoshi. L'empereur vient d'envoyer à Edo, auprès de lui, trois ambassadeurs afin qu'ils parlent en son nom. Afin de les recevoir comme ils le méritent, étant donné leur rang, on confia les préparatifs à deux grands seigneurs de l'époque. L'un d'eux était Asano Naganori, un très riche seigneur, à qui fut confié la direction de la cérémonie. Il déclina l'offre en arguant son ignorance en matière d'étiquette de la cour. Après plusieurs pressions de la part des autres seigneurs, il accepta à la condition d'être aidé du maître de cérémonie officiel Kira Yoshihisa.
La coutume voulait que l'on offre un cadeau à un fonctionnaire lorsqu'on lui demandait un service. On conseilla donc à Asano de ne pas être avare envers le vieux courtisan. Mais Asano avait été élevé dans le principe droit du conficuanisme et refusait de donner à un fonctionnaire de l'État plus de cadeaux que son rang n'en méritait. C'était, selon lui, le devoir de Kira de lui donner les informations nécessaires. Malheureusement, Asano ne connaissait pas les usages d'Edo, ni la mentalité corrompue des grands de l'époque. Il ne donna qu'un présent symbolique à kira. Celui-ci le prit très mal et se rendit indisponible pour Asano.
Lorsque les ambassadeurs arrivèrent à Edo, Asano réussit à se débrouiller pour ne pas perdre la face. Mais vint le moment où il faudrait qu'il fasse acte de présence devant les ambassadeurs. Il trouva Kira et lui demanda ce qu'il devait faire. Au lieu de lui répondre, celui-ci l’insulta.
Fou de rage, Asano dégaina son wakisashi et donna, un coup si subtil que Kira ne le sentit même pas et le hakama de ce dernier tomba sur le sol. Kira cria pour qu'on vienne à son aide. Un autre coup de sabre lui fendit la bouche ouverte et des flots de sang vinrent étouffer son appel. On maîtrisa Asano et informa le shôgun de la situation. Tirer la lame dans le palais du shôgun était déjà un acte grave. Répendre le sang l'était encore plus. Asano fut "invité" pas le shôgun à se faire seppuku au coucher du soleil. Ses terres furent confisquer et ses vassaux dispersés...ou presque.
Des 200 vassaux d'Asano, 47 décidèrent de rester fidèle à leur maître et de le venger de l'affront que lui avait fait Kira, ce qui est leur devoir le plus sacré. À leur tête, le doyen des samouraïs d'Asano, Oishi Kuranosuke organise et orchestre une vengeance soigneusement préparée tout en se cachant sous un masque de fêtard sans honneur. En grand secret, ils se firent fabriquer des armes et des armures spécialement pour l'occasion.
Alors que presque tout le monde les avait oublié, ils surgirent devant la maison de Kira à Edo et passèrent à l'attaque en vrais samouraïs: le sabre à la main et la rage au coeur. Les voisins de Kira furent réveillé par l'attaque, mais personne ne s'en mêla: ils savaient ce qui se passait et c'était une affaire d'honneur. Les serviteurs de Kira furent presque tous massacrés: samourais de garde comme domestiques. Les rônins cherchèrent Kira partout dans sa maison avant de le trouver cacher sous une pile de vêtements sales. Ils sommèrent Kira de se faire seppuku comme un homme d'honneur. Devant le refus de se dernier, Oishi le décapita. Les 46 rônins restant (l'un d'eux était mort durant la bataille) allèrent déposer la tête de Kira sur la tombe d'Asano pour lui rendre hommage Leur mâitre était vengé. Ensuite, ils se constituèrent prisonniers et se rendirent aux autorités d'Edo. Leur acte fut admiré de tous et le peuple d'Edo les considéra comme des héros. Même le shôgun admira leur courage.
Le conseil shôgunal se demanda ce qu'il allait faire d'eux. On ne pouvait les condamné à mort comme des chiens, car ils avaient fait ce qu'on leur avait enseigné depuis l'enfance. On ne pouvait les laisser libre, car cela pourrait entraîner d'autres cas de vengeance. La décision tomba le 1er février 1703. Ils avaient vécu en samouraïs, ils allaient mourrir comme tel dans la dignité et l'honneur. Ils ont reçu l'ordre de se faire seppuku, geste qu'ils étaient tous prêt à faire depuis le début. Leur suicide fut exemplaire.