Le Bushido



Impossible de comprendre les guerriers du Japon ancien sans comprendre la voie du samouraï. Le Bushido est le code des principes moraux que les samouraïs étaient tenus d'observer. Bushido est un mot japonais provenant du chinois signifiant littéralement « la voie du guerrier » - de « bushi »(guerrier) et « do » (la voie).

La première mention de ce mot est faite dans le Koyo Gunkan, écrit aux alentours de 1616 mais l'apparition du Bushidō est liée à celle de la féodalité japonaise et des premiers shoguns au XIIème siècle.

Ce code de vie a emprunté au bouddhisme l'endurance stoïque, le mépris du danger et de la mort; au shintoïsme, le culte religieux de la Patrie et de l'Empereur ; au confucianisme, une certaine culture littéraire et artistique ainsi que la morale sociale des « relations » : parents-enfants, maître et serviteur, époux, frères, amis. Mencius fut également une grande source d'inspiration pour le Bushidō.



La plupart des samouraïs vouaient leur vie au bushidō, un code strict qui exigeait loyauté et honneur jusqu'à la mort. Si un samouraï échouait à garder son honneur il pouvait le regagner en commettant le seppuku (suicide rituel), que l'on connaît mieux en occident sous le terme (impropre cependant) de « Hara-Kiri » ou « l'action de s'ouvrir le ventre » (« hara » : le ventre, siège du Ki (puissance, énergie) et «' 'kiri » : coupe au sabre).

Sous sa forme la plus pure, le bushidō exige de ses pratiquants qu'ils jugent efficacement le moment présent par rapport à leur propre mort, comme s'ils n'étaient déjà plus de ce monde. C'est particulièrement vrai pour les formes initiales de Bushidō ou de budo. D'ailleurs, les traditionalistes critiquent les formes plus tardives : « ils raisonnent clairement avec l'idée de rester en vie dans l'esprit. »

Voici un aperçu de la loi du Bushidô telle qu'elle est exprimée vers la fin du XVIIème siècle :

" Le vrai courage consiste à vivre quand il est juste de vivre, à mourir quand il est juste de mourir "

" En temps de guerre, le témoignage de sa loyauté consistera à se porter s'il le faut au-devant des flèches ennemies sans faire cas de sa vie "

"…s'il perd le combat et s'il est obligé de livrer sa tête (…) il mourra en souriant, sans aucune vile allure "

Il existe sept grandes vertus confucéennes associées au Bushidō :

Gi - Droiture (parfois aussi traduit par "rectitude" ou "rigueur")
Yu - Courage
Jin - Bienveillance (parfois aussi traduit par "grandeur d'âme", "compassion" ou "générosité")
Rei - Politesse (correspondance avec l'étiquette apparue en France à la même époque ou d'une manière plus générale, le "respect")
Makoto - Sincérité (ou "Honnêteté")
Meiyo - Honneur
Chugi - Loyauté
Avec la modernisation radicale du pays sous la Réforme Meiji (1868), l'existence des classes sociales fut bannie et les samouraïs perdirent leur statut particulier qui en faisaient des sortes de policiers féodaux, seuls habilités à porter une arme blanche.

Inféodés à l'Empereur, de nombreux samouraïs suivirent la réforme et devinrent principalement des dirigeants de l'armée japonaise à l'occidentale en cours de formation, ainsi que des hommes politiques et plus tard des capitaines d'industries. Ces entreprises économiques furent les premières vraies structures capitalistique modernes du Japon. Cette fondation est alors marquée par le mode de management de ces dirigeants, anciens samouraïs, qui organisèrent leurs entreprises selon les valeurs de leur corpus de référence: le Bushidō.
Durant la seconde guerre mondiale, le Bushidō a servi de base spirituelle aux kamikazes. Pour cette raison, plusieurs arts martiaux enracinés dans le bushidō ont été interdits par les américains pendant l'occupation d'après-guerre.

On peut considérer qu'aujourd'hui le Bushidō est encore très présent dans l'organisation sociale et économique du Japon, car c'est le mode de pensée qui a historiquement structuré l'activité capitaliste au XXème siècle.