La voie du guerrier, un mythe?

Le samouraï et le code du bushidô sont indissociables. Pourtant l'histoire abonde de trahisons, de perfides changements d’allégeances, de fuites ventre à terre ou de retraites à bride abattue. Le samouraï de l'époque médiévale est loin d'être animé par les seuls sentiments d'honneur et de loyauté. C'est la traîtrise qui permet au futur shogun Minamoto Yoritomo de s'emparer de la forteresse du clan Satake en 1180. Cinq ans plus tard, lors de la bataille navale de Dan-no-ura, le ralliement in extremis de plusieurs chefs du clan Minamoto décide du sort de la bataille.

Ce ne sont pas les exemples qui manquent de ladreries, forfaitures et autres couardises commises par les nobles samouraïs. En fait l'identité guerrière médiévale se structurait autour du lignage et du patrimoine familial, dont la conservation ou l'accroissement étaient considérés comme des missions essentielles. La loyauté au suzerain ou aux alliances était subordonnée à cet impératif de la conservation du fief familial ; et donc, quand une alliance risquait de mettre en danger la position d'un guerrier et de sa famille, celui-ci n'avait aucun scrupule à changer d'allégeance.



En ce temps-là la vie d'un homme ne vaut guère plus que celle d'un poulet ; l'ennemi est la plupart du temps proprement égorgé, femmes et enfants subissant souvent le même sort. Inapte aux remords comme à la pitié, le samouraï suit son maître au combat dans l'espoir d'une récompense, sous forme de butin, de biens ou de domaines confisqués aux vaincus.

C'est l'avènement de la paix, durant l'époque d'Edo (1603-1867), qui va donner corps au mythe du code du samouraï. Avec l'établissement d'une grande paix qui constituait un élément de légitimation essentiel du pouvoir des shoguns Tokugawa, les comportements belliqueux devenaient potentiellement subversifs.  Il fallait donc trouver un autre moyen pour les samouraïs de se mettre en valeur que sur les champs de bataille.